Un texte de Bleck Dieuseul Desroses, professeur à l’Université | Mercredi 17 juillet 2024
‘’La paix sociale ne peut être atteinte sans l’ engagement renouvelé de la participation active et constructive de la jeunesse ‘’ (Niola Lynn Octavius, Titulaire du MJSAC)
La jeunesse est la force motrice de toute formation sociale. Elle représente le vrai pilier de la structure économique et l’avenir de la civilisation humaine. Les États-développant une politique de puissance et de croissance -accordent une importance capitale à l’éducation et à la formation de la jeunesse afin qu’elle soit capable de contribuer valablement au progrès socio-économique. C’est la raison pour laquelle que certains démographes pensent que les jeunes sont des atouts potentiels qui peuvent contribuer au développement durable si l’on prend leurs besoins en compte.
À l’heure des grandes mutations industrielles, technologiques, du numérique et de la robotique, les jeunes deviennent la plaque tournante dans l’organisation sociale. Par leur esprit critique, ils remettent en question continuellement les fondements du monde dans lequel ils évoluent et les pratiques traditionnelles pour parvenir à la perfectibilité des œuvres de la civilisation humaine. Ils disposent de l’énergie et des pensées novatrices pour assurer le progrès social.
En qu’acteurs du changement, ils sont capables de mobiliser les autres à travers les forums et réseaux sociaux, les associations de quartiers pour poser des actions positives relevant du bien-être collectif comme la protection de l’environnement et les initiatives sportives. L’on doit toujours compter sur les jeunes leaders pour mener le combat contre l’alcoolisme, la drogue, la délinquance et la criminalité. Des fléaux qui menacent notre civilisation.
Par leur esprit novateur, les jeunes sont aptes à apporter de nouveaux points de vue dans les débats sociaux, proposer des réponses aux défis contemporains qui ne sont pas nécessairement perceptibles par les adultes. Leur dynamisme, leur sens d’initiative et leur savoir-faire dans les entreprises modernes sont parfois étonnants. Certains d’entre eux sont des leaders naturels. D’autres le deviennent à force de persévérance. Dans les deux cas, ils doivent encadrés et soutenus par les instances publiques pour une société plus juste et plus inclusive. L’éducation demeure la clé de cette inclusion.
En ce sens, certains penseurs croient que l’éducation et l’expérience professionnelle constituent les éléments décisifs du capital humain, autrement dit les meilleures armes de protection de ces instabilités du système économique. Les jeunes qui disposent d’un faible niveau d’éducation et de peu ou pas d’expérience(s) professionnelle(s) sont les jeunes les plus touchés par les effets de la globalisation et ils auront une probabilité élevée de connaître des emplois précaires. À l’inverse, ceux qui disposent d’un fort capital scolaire et d’une expérience professionnelle s’en serviront pour aller vers un emploi stable.
En Haïti, 54% de la population est âgée de moins de 25 ans, avec 31% dans la catégorie d’âge de 10 à 24 ans (UNICEF, 2020). Avec un tel poids démographique, investir de façon judicieuse dans les jeunes pourrait aider à produire des résultats prometteurs pour l’avenir du pays. Il s’agit d’une opportunité pour stimuler la productivité et faciliter la croissance inclusive. Le gouvernement de transition, à travers la ministre Niola Lynn Octavius, place la jeunesse au cœur de sa politique publique pour mieux affronter la crise séculaire.
Adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1999, la Journée internationale de la Jeunesse, commémorée le 12 août, est une occasion d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes. C’est également l’occasion de célébrer leur potentiel en tant que partenaires dans la société et piliers de l’édifice social.
Entre le 12 juillet et le 12 août, 500 jeunes à raison de 50 par département recevront une formation en leadership et entrepreneuriat, et obtiendront au terme de cette formation un appui financier pour démarrer un projet générateur de profit. Cette initiative intelligente est celle d’un responsable qui croit dans les potentialités de la jeunesse de son pays. Elle répond à un double objectif : encadrer les jeunes pour combattre l’exclusion socio-économique et promouvoir la réussite par le travail afin de les détourner du gain facile, un des vecteurs des troubles politiques et des crises récurrentes.
Pour sortir du marasme économique et de la crise politique séculaire sur laquelle vient greffer la crise sécuritaire, Haïti doit à miser sur son potentiel humain particulièrement les jeunes, malgré la saignée démographique et la fuite des cerveaux vers des cieux plus cléments.
L’absence d’une politique publique qui prend en compte les besoins et les aspirations de la jeunesse depuis la fondation du pays est responsable de la crise sécuritaire actuelle qui détruit le tissus social, sape les fondations économiques de la nation et menace notre existence de peuple. La paix et la sécurité durables en Haïti doivent obligatoirement passer par une action collective ; et la jeunesse doit être au cœur de cette réponse. En découle le thème retenu cette année par madame Octavius- qui connait parfaitement bien les rouages de son ministère : Programme d’Accompagnement social des Jeunes pour la Paix et la Sécurité (PASOJEPS).
Bleck D. DESROSES, Centre à la UNE